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Le 14 juillet et les autres fêtes estivales sont la meilleur période pour photographier les feux d’artifice. Ces spectacles de lumières suscitent l’engouement des foules qui se pressent pour les admirer et les photographier… avec plus ou moins de succès !
Vous allez apprendre ici comment photographier « comme un pro » un feu d’artifice, et vous démarquer avec des clichés qui sortent de l’ordinaire.
1. Connaître le feu d’artifice pour mieux le photographier
Pour bien photographier, il faut se questionner en amont : quelles sont les caractéristiques du sujet que je souhaite photographier ? Comment vais-je pouvoir anticiper mes réglages ? Quel matériel dois-je prévoir pour photographier tel événement ? Cette démarche est particulièrement pertinente pour les feux d’artifice, qui ne laissent pas le droit à l’erreur. En effet, ils n’y en a que quelques un par an, et ils durent généralement moins de 30 minutes. Un feu d’artifice, du point de vue du photographe, ce sont des sources de lumières dans la nuit, avec :
- une durée variable
- un agencement variable
- une intensité lumineuse variable
En résumé, les feux d’artifice sont des sources lumineuses intermittentes et mobiles.
2. Le bon emplacement : choisir son point de vue
Après avoir réfléchi aux particularités du feu d’artifice, il faut penser à l’environnement dans lequel il va être tiré. En effet, si vous ne capturez que les fusées, sans élément particulier, on ne pourra pas dire si votre photo a été prise à Bayonne ou à Strasbourg, et votre photo risque de tomber dans la banalité. Il vaut mieux photographier le spectacle dans son ensemble, afin de donner un contexte et une personnalité à votre photo, en insérant un premier plan ou un arrière-plan.
Croyez-moi, c’est grâce au contexte que vous pourrez vous démarquer et faire la différence avec vos photos.
Comment composer votre photo ?
Il faut essayer de visualiser où les fusées vont être tirées. Pour cela, le mieux est de trouver sur la toile, des photos de ce même feu d’artifice réalisées quelques années avant. Personnellement, je me rends également sur Géoportail, qui permet, avec les cartes topographiques, de visualiser les zones en hauteurs constituant un point de vue intéressant. Le streetview de Google permet également d’avoir une vision du terrain sans se déplacer. Ensuite, l’idéal est de se rendre sur le terrain à l’avance et de vérifier la qualité du terrain choisi. Ce sera également l’occasion d’anticiper les potentielles contraintes.
Respectez le balisage et ne soyez pas trop près de la zone de tir. A minima vous cadrerez en l’air, au pire vous vous mettrez en danger !
Anticiper les contraintes
Si vous vous êtes rendu sur le terrain à l’avance, essayez d’imaginer où pourra se placer le public. Dites vous que des personnes pourraient se placer devant votre appareil par exemple. Il est judicieux de s’écarter de la foule et de privilégier des zones en hauteur, mais cela n’est pas toujours possible. Si malgré tout des personnes se situent devant, le piège est de déséquilibrer votre photo en cadrant plus haut. En fait, une rangée de silhouettes au premier plan peut au contraire ajouter du cachet à votre photo !
Anticiper le sens du vent en consultant la météo peut être également intéressant. Cela peut vous permettre de vous positionner de sorte à ne pas être gêné par la fumée. En outre un vent trop fort favorise une forme de fuite aux fusées.
3. Matériel pour photographier les feux d’artifice
Le trépied
Sans trépied, les éléments fixes de votre photo seront flous, et les lumières auront une forme aléatoire peu esthétique. Le trépied est donc obligatoire : il devra être suffisamment lourd pour ne pas bouger lors du déclenchement ou à cause du vent. Si votre modèle dispose d’un crochet, je vous conseille de lester ce dernier en y accrochant votre sac photo. Cela vous donnera plus de stabilité.
Le déclenchement à distance
Vous pouvez opter pour une télécommande filaire ou infrarouge, selon les possibilités de votre appareil. La meilleure option est la télécommande filaire car vous n’aurez qu’à vous concentrer sur le bouton de déclenchement. En effet, avec une télécommande vous risquez de ne pas déclencher moment voulu si vous avez mal visé le récepteur infrarouge de votre appareil !
Attention, si le récepteur infrarouge de votre appareil se situe uniquement à l’avant , cela sera problématique !
Pour les économes…
Si vous ne souhaitez pas investir, vous pouvez utiliser le retardateur de votre appareil afin d’éviter le flou de bouger lors de l’actionnement du déclencheur. Même si cela fonctionne très bien, cela va peut vous gêner dans l’anticipation des tirs de fusée !
Le flash ?
C’est une blague ! Bien sur ici le flash n’a aucun intérêt. A moins que vous ne souhaitiez photographier une fleur en premier plan, le flash n’aura aucun effet. Cela n’est visiblement pas évident pour tout le monde car il y a toujours quelques flashs qui crépitent lors de nos chers spectacles pyrotechniques.
Précision technique : l’utilisation du flash rendra paradoxalement votre photo plus sombre car vous « tromperez » votre appareil en lui informant que votre photo bénéficiera d’une lumière supplémentaire.
Autre matériel
Si jamais vous avez trouvé le parfait point de vue, accessible à pied par des petits sentiers, rappelez-vous qu’à la fin du feu, il fera nuit et vous n’y verrez plus grand-chose en rentrant ! Une lampe pour s’éclairer et un téléphone chargé en cas de problème sont des éléments de sécurité à ne pas négliger.
4. Régler son appareil pour la photo de feu d’artifice
Ça y est vous êtes équipé comme il faut et vous avez trouvé le point de vue idéal. Le feu d’artifice commence dans 20 minutes, il faut maintenant bien régler son appareil !
Cadrage et mise au point
En fonction des éléments qui composent votre photo et de la distance au feu d’artifice, il faudra cadrer plus moins serré. Je préfère cadrer large afin de pouvoir photographier les tirs montant le plus haut. Quitte à recadrer ensuite lors des retouches pour les photos avec des explosions moins étendues.
Le sujet étant loin, on utilisera une mise au point bloquée à l’infini. Mais si vous avez un premier plan à mettre en valeur, la mise au point peut se faire sur le premier plan. Le diaphragme fermé permettra d’obtenir une zone de netteté étendue. Attention, de nuit, votre autofocus peut se mettre à patiner : mode manuel obligatoire !
Contrôle de l’exposition
Vous l’aurez compris : il faut pouvoir contrôler la vitesse afin de saisir les explosions des fusées en entier. Mais il faut également gérer correctement l’exposition en réglant le couple ouverture/iso correctement.
Quel mode de prise de vue choisir ?
Bannissez les modes automatiques : votre appareil n’a pas votre intelligence et ne pourra pas anticiper la luminosité. L’automatisme ne pourra pas ajuster comme il faut l’ouverture et le diaphragme. Il convient d’utiliser soit le mode M (manuel) soit le mode B (bulb). La différence est dans le contrôle de la durée d’exposition.
J’utilise le mode BULB afin d’avoir plus de contrôle sur la prise de vue et maîtriser tous les timings. En effet, ce mode de déclencher et d’arrêter la photo à chaque pression sur le déclencheur, sans avoir renseigné une valeur à l’avance.
En général, je déclenche au départ des fusées. Puis, une fois que la lumière cesse, je termine la prise de vue. Ensuite, je regarde le résultat. Si c’est trop sombre ou trop clair, j’adapte l’ouverture en conséquence. Puis de nouveau, je recommence une bonne centaine de fois, le feu d’artifice est par nature imprévisible !
L’ouverture
Adapter l’ouverture de votre appareil vous permettra de contrôler l’exposition des fusées sur la photo. Je ferme à f11 environ. Puis, j’adapte en fonction du résultat : si les fusées apparaissent trop lumineuses je ferme un peu plus, et inversement. Attention à ne pas trop fermer pour éviter les phénomènes de diffraction à partir de f16 environ.
Le temps de pose
Le temps de pose vous permettra uniquement de contrôler le nombre de fusée sur votre photo. A ouverture et iso fixés, que vous preniez une photo de 4 secondes ou 7 secondes, l’exposition des fusées sera identique ! Seul votre arrière plan, lui, sera plus ou moins sombre. En utilisant un temps de pose plus long vous pouvez augmentez le nombre de fusées visibles sur la photo. Mais attention, si les fusées sont tirées sur le même plan, elles vont se superposer, et créer des zones surexposées sur votre photo ! Tout est une question d’anticipation … et de chance !
Réduction du bruit pose longue : Pensez à désactiver le réglage de réduction du bruit à vitesse d’obturation lente sur votre appareil. En effet, ce mode entraîne le déclenchement d’une seconde photo à votre appareil à même vitesse. Imaginons que vous réalisiez une photo pendant X sec. Vous allez alors devoir attendre X sec supplémentaires avant de pouvoir reprendre une photo, du temps précieux sur un événement aussi court !
La sensibilité (les iso)
Vous avez un trépied et un temps de pose long. Votre aurez suffisamment de lumière : réglez donc la sensibilité au minimum : iso 100 ou 200 selon votre appareil. Cela permettra de diminuer le bruit numérique, et donc d’avoir une photo de meilleure qualité. Si les isos étaient augmentés, à l’instar de l’ouverture, cela augmenterait l’exposition de le photo pour un temps de pose donné.
Format des images : RAW ou JPEG ?
Selon moi, shooter en raw est indispensable car cela permet une plus grande latitude pour le post-traitement, notamment au niveau de l’exposition, ce qui est tout indiqué pour les photos de feu d’artifice ! Cliquez sur ce lien si vous ne maîtrisez pas encore ce format ou si vous souhaitez plus d’informations sur les possibilités du raw.
Article très intéressant pour une meilleure approche de la photographie de feux d’artifice !
Avec les conseils techniques nécessaires à tous points de vue.